Le temps s'est sérieusement dégradé : vent et pluie battante
intermittente. Des chercheurs de champignons fouinent autour de la
camionnette.
A 10h15, laissant Viviane sur place, je reprends mon chemin,
pénétrant dans la forêt, revêtu de ma cape de pluie. Je m'égare non loin de là,
tourne en rond, reviens sur mes pas sans m'en apercevoir. Entre-temps, Viviane
est repartie.
C'est en m'enfonçant tout droit sous forêt que je rejoins la
source du Madon. Le soleil réapparait, momen-tanément. J'atteins alors le site du Cuveau des Fées, à l'entrée
du Vallon druidique ou vallée de la Blanche Femme.
Le culte druidique introduit
par les Leuques, un peuple celte, y était célébré par des druidesses qui
résidaient dans une grotte profonde. Tout le vallon atteste de l'intense
activité de cette population gauloise. La région fut ensuite conquise par les
Romains, et le christianisme se substitua à la religion druidique.
Une étrange pierre de grès bigarré, de forme octogonale d'un
diamètre de 3,70 m ,
gît dans la forêt.
Apparemment « fabriquée » sur place, elle a
lentement glissé le long de la pente vers le ruisseau. En aval, le front de
taille d'une carrière, l' « amphithéâtre », confirme l'hypothèse
d'une cité d'agriculteurs, bûcherons et carriers.
Je passe ensuite au Fanum,
petit temple des druidesses, puis devant la chapelle St Martin
construite à quelques pas de la
grotte. Près de la grotte se trouve une source, la Fontaine le Bœuf.
Ainsi le sanctuaire chrétien a
pris la relève du sanctuaire païen. Pendant des siècles, l'endroit a été occupé
par des ermites. La chapelle, détruite il y a environ 60 ans, a été rebâtie en
1959 par les habitants d'Escles.
Je vais maintenant emprunter une petite route empierrée le long
de la rivière qui n'est encore qu'un ruisseau se faufilant sous les arbres et
dans des prairies humides. La route suit le vallon vers l'ouest. A 13h,
j'atteins sous une nouvelle averse La Bataille , hameau perdu où subsistent des
vestiges d'une ancienne verrerie. Partout dans la Vôge , on rencontre d'anciennes verreries, mises à feu depuis le XIVe siècle, et aujourd'hui toutes
éteintes.
J'aperçois le Trafic garé sur un terre-plein. De la fumée et une
odeur de cuisine s'en échappent. Viviane est en train de préparer le repas !
Je repars à 14h30, profitant d'une accalmie. Je franchis la Saône sur un pont de pierres
et remonte dans le massif au-dessus de la vallée. Des chiens de chasse dévalent
non loin de moi en aboyant.
J'emprunte route et tranchée forestières pour redescendre dans
le val de Saône et franchir un affluent, le ruisseau de la Croisette. De hautes
roches gréseuses avec des grottes dominent le val. Je poursuis dans la vallée,
puis je remonte dans un massif forestier pour le traverser par une succession
de tranchées rectilignes pendant 7
km .
Le ciel s'est peu à peu dégagé. Lorsque je parviens à la maison
forestière du Carrefour, la clairière est ensoleillée. Je poursuis par la route
forestière, je passe sous l'ancienne voie ferrée Darney – Epinal. Je remonte
par un chemin herbeux entre les prés où paissent des chevaux. Je débouche alors
sur les maisons de la Côte
de Darney. Je contourne l'agglomération par le sud et descends sur la D 5 au bord de la Saône. Il est 17h15. Je
suis à l'entrée de Darney, localité d'origine celtique blottie au pied
de son église et de son château.
Je retrouve Viviane. Nous allons boire un pot dans un bistro
puis nous installer au camping municipal. Il est encore libre d'accès mais
doit être en passe de fermer. Nous sommes en effet seuls dans l’enclos désert,
excepté un camping-car d'Allemands qui nous rejoindra un peu plus tard. Nous
profitons des derniers rayons du soleil en mangeant à l'extérieur du Trafic.
Je ferai encore une petite promenade de nuit sur les hauteurs du
bourg.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire