Au village, à 9h40, je m’apprête à partir pour la journée, cette
fois avec le grand sac à dos chargé en prévision d’une assez rude étape. Il
fait beau, mais l’air est froid.
Le GR 7 va se diriger maintenant vers la haute chaîne axiale des
Pyrénées. Il entre en forêt, grimpe dans la hêtraie-sapinière, rejoint une
crête où il domine le lac d’Artigue. La vue se dégage sur les pics
environnants. Le sentier s’élève régulièrement, atteint une clairière à 1623 m , la plaine d’Artigue
où se termine une route forestière. Petite pause au soleil.
Je poursuis ma grimpée jusqu’à un plateau marécageux à 1900 m d’altitude, niché au
pied du Roc Blanc. La végétation a changé : des bouleaux, des sorbiers,
des massifs de myrtilles, de bruyères et de rhodo-dendrons.
La faim se faisant sentir, je m’arrête pour casser la croûte sur
une souche d’arbre mort. Mon tee-shirt est trempé. Mais les nuages se font plus
nombreux. Je me change et supporte la laine polaire directement sur la peau.
Quand je reprends mon chemin, la végétation se fait plus rare,
plus rase. Mais le vallon est encore verdoyant. Je progresse le long d’un
torrent aux eaux claires. Brusquement j’entends siffler des marmottes. J’en
aperçois quelques-unes, rondouillardes, qui se réfugient dans les terriers. De
grands oiseaux planent dans le ciel. Avec les jumelles, je repère des vautours fauves où cinq ou six individus viennent de se poser. Impressionnants. Ils
sautillent maladroitement dans les buissons ; puis ils s’envolent à
nouveau, les uns après les autres, pour cercler au-dessus du vallon, majestueusement.
La pente s’accentue. La sente, peu marquée, progresse maintenant
dans la rocaille sur le flanc nord du Roc Blanc. Il me faut gravir un pierrier
assez difficile pour atteindre le col, un verrou à 2276 m . Le vent froid qui
souffle ne me permet pas de contempler longtemps le paysage.
Je pénètre dans la réserve nationale de faune d’Orlu, où vivent
des loups et où la chasse est interdite. J’entreprends de descendre l’autre
versant, aride et nu, dans des pierriers et des amoncellements de rochers où la progression est très
difficile. J’atteins l’étang de Baxouillade-d’en-Haut. Un deuxième palier, tout
aussi raide à franchir (pierriers et torrents), me mène au deuxième étang de
Baxouillade (1912 m ).
J’y rencontre un couple de randonneurs, les premières personnes que j’aperçois aujourd’hui.
La descente continue. La végétation réapparaît. Le sentier
progresse au milieu de sorbiers des oiseleurs aux baies rouge vif et de
massifs de myrtilles à la belle parure orange d’automne. Je retrouve les deux
randonneurs au bord d’un torrent que l’on traverse à gué. Nous allons marcher à
peu de distance les uns des autres. La descente est rude. Deux marcassins
jaillissent d’un fourré en poussant de petits gro-gnements.
Le GR 7 atteint enfin le vallon de l’Oriège (1304 m ), une rivière au bord
de laquelle pâturent des troupeaux.
Il me reste alors à descendre le long de la
rivière, pendant 2 km ,
jusqu’au parking des forges d’Orlu, au terminus d’une route qui provient
d’Ax-les-Thermes, seul lieu de rendez-vous possible avec Viviane et Oscar. J’y
parviens avec mes deux compagnons à 17h.
Nous allons passer la nuit dans le Trafic à cet endroit,
parmi les troupeaux.
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