Au matin, Viviane m’emmène en Trafic jusqu’à Porta, en contrebas de Porté-Puymorens, à 1500m d’altitude.
Je commence à marcher à 10h40, le sac à dos chargé en prévision
d’une nuit en montagne. Il fait toujours très beau.
Le GR 7 franchit la rivière Carol. Trajet
commun avec le GR 107 vers la crête frontalière, sur le « chemin des
Bonshommes » : Les derniers cathares, qui fuyant l’Inquisition
française choisissaient l’exil plutôt que le bûcher ou le reniement de leur
foi, cherchaient refuge en terre catalane, dans le silence des montagnes du
comté de Foix.
Les deux GR s’engagent à l’ouest dans un magnifique vallon, le
long de la ribera de Campcardós, sur un
large chemin empierré. Le sac à dos est lourd. Je fais des pauses régulières.
J’atteins la cabane de Campcardós, occupée par le berger pendant l’été. La végétation se pare de
couleurs d’automne : bouleaux jaunissants, myrtilles rougissantes, dans le
vert des pins, des sapins et des genévriers. Au loin, la crête-frontière…
Le sentier domine deux étangs. Je m’arrête pour manger, à
hauteur de gros rochers. Je n’ai pas très faim.
Par la suite, le chemin devient plus étroit et pentu. Je
traverse un pré humide, j’atteins un petit cirque et je passe à gué la rivière. Le dénivelé
s’accentue, la végétation s’appauvrit. J’arrive à la Pleta de la Barrera (2339 m ), un replat au pied
de la Portella Blanca.
Il me reste à gravir le col. Nombreux arrêts pour reprendre
mon souffle.
La sente grimpe dans les maigres alpages où paissent encore
quelques bêtes.
Je gagne la
Portella Blanca d’Andorra (2517 m ), point de frontière
triple entre la France ,
l’Espagne et l’Andorre.
Dès la plus haute antiquité,
les hautes terres furent utilisées comme pâturages d’été, « terres
libres » revendiquées par les bergers des deux versants.
Le portail-frontière franchi, le GR 7 pénètre en Principauté
d’ANDORRE. Vaste panorama austère et aride. Le sentier s’aventure sous les
flancs du Pic Nègre d’Envalira, contourne deux étangs et se lance à l’assaut de
la Portella
de Joan Antoni (2670 m ).
Dans une échancrure de la crête rocheuse, j’ai une vision impressionnante des
stations de ski et de la route transversale qui, descendant du port d’Envalira,
s’engouffre dans la vallée principale de l’Andorre. Le sentier repart, longe la
crête, atteint une autre échancrure… Epuisant !
Le GR franchit enfin un passage à 2676 m et plonge à travers
les pelouses du circ dels Collels, ponctué de loin en loin par des balisages au
sol sur les rochers. Encore des pierriers à franchir ! Je gagne un fond de
vallée marécageux. Après un ressaut, j’atteins un petit lac glaciaire, à 2300 m d’altitude, à
l’entrée du circ dels Pessons.
Il est 17h30. Epuisé par cette dure journée, je vais m’arrêter
là pour établir mon campement, sur un recoin herbeux de la rive. J’enlève mes
chaussures, avale une fiole de pastis… Ça va mieux ! Je monte la tente et je mange assis sur un
rocher.
La nuit tombe. La surface de l’eau est à peine troublée par les
poissons qui font mouche. Seules les crêtes sont encore ensoleillées. Fatigué,
je me glisse sous la tente…
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