Je quitte Barre-des-Cévennes
à 9h30.
A nouveau rapidement dans le brouillard, je contourne en
corniche le petit plateau calcaire de la Can Noire. Je traverse des
pâturages, passant au milieu des troupeaux qui surgissent brusquement des nappes
de brouillard. Un taureau apparaît pour replonger immédiatement dans la brume. Seules les
sonnailles des bêtes m'indiquent qu'elles sont tout près. Je gagne le col des
Faïsses (1018 m )
sur la D 9 (Corniche
des Cévennes). Dans la brume, apparaissent ça et là des ramasseurs de champignons.
Les deux GR ont atteint maintenant la can de l'Hospitalet.
Ce plateau appartient aux causses calcaires mais en a été séparé à l'ère
tertiaire par l'incision du Tarn et du Tarnon. Suivant la route, les GR
passent au col de Solpérière puis à l'Hospitalet (1043 m ) : relais d'étape.
Ils empruntent au sud la grande draille de la Margeride , qui
permettait aux troupeaux du Bas Languedoc de gagner les pacages du mont Lozère.
La draille gagne le rebord ouest de la
Can de l'Hospitalet et suit ce rebord vers le sud sans s'en
écarter beaucoup. A un moment la brume se lève. Cette embellie me permet
brièvement d'avoir une belle vue sur la vallée du Tarnon et le causse Méjean à
l'ouest. Tantôt bien marquée, tantôt à peine visible, la draille traverse les
hautes terres arides. Le brouillard m'enveloppe à nouveau.
Je quitte le petit causse, dominant la vallée Borgne jusqu'au col
du Marquairès. J'abandonne alors les GR pour descendre en contrebas. Un
coup de klaxon dans la brume semble m'être destiné. En effet Viviane m'attend à
l'entrée d'un tunnel routier étroit et sauvage, à côté d'une maison
isolée.
Après que nous ayons mangé non loin de là dans le Trafic, je
rejoins à nouveau le sentier qui par la draille monte à 1161 m . Une troupe de
mésanges à longue queue sautille dans les branchages de la hêtraie et des
châtaigniers. Le sentier descend au col Salidès.
Pendant neuf kilomètres, les GR 7 et 67 vont emprunter la route
forestière (non goudronnée) d'Aire-de-Côte qui se confond avec la draille de la Margeride. Après
le serre du Tarnon, l'itinéraire se poursuit sur la route forestière, évitant
la draille qui, moins longue, comporte plus de dénivelés. Je croise des
chasseurs en voiture qui cherchent leur chien. Plus tard, ce sont des bergers
qui me demandent si je n'ai pas rencontré un troupeau d'une dizaine de moutons
!
A la fin du parcours, le brouillard s'épaissit. J'arrive à 16h30
à Aire-de-Côte, sur les flancs du puissant massif forestier de
l'Aigoual. C'est un important carrefour de GR. Je distingue à peine le Trafic.
Viviane et Oscar ne sont pas là. Je jette un coup d'œil dans le gîte d'étape,
installé dans une ancienne maison forestière, où autour d'un bon feu de
cheminée des randonneurs se sèchent. Pas de Viviane. Elle va arriver un peu
plus tard en provenance du GR 7. Nous ne nous sommes pas rencontrés car elle a
suivi le parcours par la draille, plus difficile. C'est pour cela que je n'ai
pas aperçu les tags d'Oscar !
Nous nous installons sur place, pour passer la soirée et la nuit
dans le Trafic, cernés par le brouillard.
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